The good wife: la meilleure série américaine
Non, ce n’est pas The Walking Dead, ce n’est certainement pas Game of Thrones, et Breaking Bad s’est terminée il y a un moment maintenant. En plus, toutes ces (très bonnes !) séries ont un détail en commun : elles passent sur le câble américain.
The Good Wife est diffusée sur CBS. Je sais, si vous avez moins de cinquante ans et que vous aimez les séries qui durent plus de vingt minutes, l’argument n’est pas hyper convaincant.
Pour ceux qui ne savent pas, CBS, c’est la chaîne des Vieux et des « Procedurals » chiants. C’est la chaîne qui incarne tout ce que je déteste dans une série télévisée : aucune mythologie, des flics/avocats qui doivent résoudre toujours la même enquête avec des variantes à peine différentes. Des flics/avocats dont on ne connaît que le nom, et qui ont une backstory à peine abordée en dix saisons parce que le téléspectateur moyen ne regarde qu’un épisode sur quatre d’une saison et qu’il se fout des personnages.
C’est la chaîne qui diffuse NCIS (et son spin-off), les Experts (et ses spin-off), Hawaii 5-0 et The Mentalist. Que des séries procédurales de flics qui enquêtent sur des meurtres et qui comprennent tout dans les dix dernières minutes et dont on a deviné le coupable dès qu’on l’a rencontré.
C’est pour ça que je ne voulais pas regarder The Good Wife. Et que j’ai failli passer à côté de la Meilleure Série Américaine à la Télé.
Une fois qu’on passe outre le peu de confiance qu’on a dans la chaîne, il faut surmonter le pitch et le titre. The Good Wife. La Brave Épouse. L’histoire d’une femme de procureur qui doit reprendre un poste d’avocate dans un cabinet lorsque son mari est mis en prison pour corruption (avec paiement en prostituées). Wouhou. Sur CBS. Ça s’annonçait moralisateur, conservateur et pas franchement positionné « féministe ». Très peu pour vous ? Très peu pour moi aussi.
Au bout de quatre ans, à l’aube d’un été désert en séries, je me suis dit qu’au fond, je n’avais rien à perdre. Et j’ai dévoré les quatre saisons en trois semaines.
Attention, c’est vrai : The Good Wife est un procédural. Chaque semaine présente un nouveau cas, sous forme de négociations, de jugements, d’enquêtes. Il n’y a pas de mythologie à proprement parler, pas de « grand secret ». Mais la série fonctionne précisément parce qu’elle a construit des personnages solides sur lesquels elle repose et qu’elle utilise afin de faire avancer l’histoire.
Le show n’est pas complaisant, plein de bons sentiments et de conformisme. Lockhart & Gardner, le cabinet pour lequel Alicia travaille, n’est pas le représentant des « Gentils ». Diane et Will, les patrons, sont des requins qui ont réussi car ils sont brillants et de réels professionnels. Ils n’hésitent pas à défendre des magnats de la drogue ou des meurtriers si ça peut servir les intérêts de leur compagnie. Ça ne les empêche pas d’être humains pour autant.
The Good Wife manie suffisamment bien le cynisme pour montrer à quel point les avocats ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins, et pour défendre leur client. Ce cynisme est souvent même jouissif, autant qu’il peut parfois être surprenant.
Même les affaires de la Semaine sont fascinantes. Peine de mort, avortement, religion, espionnage, liberté sur internet, port d’armes, jamais la série ne tombe dans les affres du jugement ou dans le ton « donneur de leçons ». Dans une série d’avocats, où il faut savoir manipuler la vérité et prendre à cœur chaque combat, c’est quand même plutôt bien joué.
En prime, The Good Wife s’offre des guest stars truculentes et de renom comme Michael J. Fox (« Retour vers le Futur »), ou encore Martha Plimpton (Raising Hope) et bien d’autres que l’on retrouve plusieurs fois par saison avec plaisir. La série est parvenue au cours des quatre premières saisons à créer un univers à part entière. Comme dans la vraie vie, on finit par connaître les juges, les autres avocats, parfois même les clients. On peut anticiper leurs réactions, on participe à leurs blagues et on lève les yeux au ciel en même temps que nos héros.
La série n’est pas exempte de défauts. Les enfants d’Alicia, les diverses campagnes électorales et les relations de Kalinda avec les hommes sont parfois ennuyeuses, longues, et paraissent être du temps de perdu loin de vraies questions d’éthique, de légalité, de vérité et de mensonge.
Mais à l’heure actuelle, ces détails importent vraiment peu, parce que la série s’est construite comme un bâtiment, épisode par épisode, affaire par affaire, personnage par personnage. Un ensemble cohérent qui culmine dans l’épisode de cette semaine. L’épisode de cette semaine qui bouleverse tout de façon parfaitement sensée et laisse dans l’expectative.
La saison 5 a pris un mois pour installer exactement la situation qu’elle voulait après quatre années de construction de liens. Un mois pendant lequel elle a fait monter la sauce, et le résultat est spectaculaire. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été sur le bout de mon siège, transie par une musique rythmée, à retenir mon souffle pendant les silences, le cœur pincé par des performances épatantes.
L’épisode 5.05 « Hitting the Fan » m’a embarqué pendant quarante minutes entières avec lui. J’ai oublié de respirer, j’ai ressenti ce que chaque personnage ressentait, et j’ai adoré être incapable de choisir un camp parce qu’on connaît toutes les parties, tous les intervenants de la pièce et qu’on sait qu’ils ont tous raison et tort à la fois. Parce qu’on a tout vu à travers leurs yeux à tous et que, bordel, ils sont allés jusqu’au bout.
The Good Wife a bouleversé son statu quo. Je ne sais pas combien de temps ça durera. Je ne pense pas que ce qu’ils ont installé soit voué à durer jusqu’à la fin de la série, ni même la fin de la saison. Mais cette série méritait un tel épisode, et si les scénaristes trouvent un moyen (convaincant !) de faire machine arrière, je n’en ai rien à faire ça me convient amplement.
The Good Wife, mesdames et messieurs ! The Good Wife, c’est de la télévision de Très Haute Qualité.
Crédits: CBS
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