Sherlock, The Empty Hearse : flamboyantes retrouvailles
Deux ans. Voilà deux ans que les fans de Sherlock élaborent les théories les plus sérieuses et les plus farfelues pour expliquer comment le consultant detective a maquillé sa mort. Deux ans que les fans de Sherlock attendent impatiemment de découvrir comment John va réagir en apprenant que son meilleur ami est bien en vie. Pour les personnages de Sherlock, deux ans se sont également écoulés. Et que ce soient pour les personnages ou pour le public, ce premier épisode de la saison 3, signé Mark Gatiss, est celui des retrouvailles. De flamboyantes retrouvailles.
Les deux co-créateurs n’ont cessé de le répéter : ce premier épisode se focalise bien plus sur le pourquoi que le comment. Peu importe finalement de savoir de quelle manière Sherlock s’y est pris, l’essentiel est, comme toujours dans la série, l’amitié entre Sherlock et John. Et Mark Gatiss écrit comme personne les scènes entre ces deux personnages.
Le leitmotiv de The Empty Hearse est simple : du fun encore et encore. Mark Gatiss et Steven Moffat, en irrécupérables fanboys, ont décidé de s’amuser, bien plus encore que dans les saisons précédentes. Les retrouvailles entre Sherlock et John, émouvantes et irrésistiblement drôles, les passes d’armes entre Sherlock et Mycroft, leurs parents, la mystification de Sherlock Holmes, chaque élément est distillé dans le but de surprendre et de divertir.
The Empty Hearse est une mise en abîme continuelle qui ne cesse de jouer sur le double sens à destination des fans. Car oui, cet épisode est du fan service, mais du fan service de luxe. Le public veut absolument savoir comment Sherlock s’en est sorti ? Les fans veulent absolument que cela soit de façon spectaculaire ? Les fans veulent absolument imaginer une relation particulière entre Sherlock et Moriarty ? Et bien les fans sont servis ! Les fans ont spontanément lancé la campagne virale “Believe in Sherlock” suite à la diffusion de The Reichenbach Fall et les deux co-créateurs ont décidé de les remercier. Les remercier de leur engagement, de leur fidélité. Voilà pourquoi, en bonne fan engagée et fidèle, je n’ai cessé de m’exclamer de joie, d’apprécier cette marque de respect, de me dire que ces deux-là sont de grands malades.
The Empty Hearse annonce également le début d’une nouvelle ère. Le Sherlock d’il y a deux ans appartient au passé. Il est temps de prendre une nouvelle direction. Les deux premières saisons, exemplaires hommages au canon signés par des admirateurs absolus de l’œuvre de Conan Doyle, nous ont montré un Sherlock maître incontesté de l’art de la déduction, machine intellectuelle que rien n’arrête. Durant la deuxième saison, Mark Gatiss et Steven Moffat ont décidé d’adapter les trois histoires les plus connues et les plus emblématiques, car ils ne voyaient aucune raison d’attendre. Avec cette troisième saison, les scénaristes prennent un tout autre virage. Il ne sera point question de montrer une nouvelle fois un Sherlock sociopathe qui résout comme personne des mystères insolubles. Sherlock n’est plus cet enfant gâté qui a absolument besoin de prouver sa supériorité par l’humiliation, il a mûri, il est avant tout un ami. C’est Mycroft qui n’a pas évolué, qui est le miroir du Sherlock d’antan et son jeune frère tente de lui faire sentir à quel point cette attitude l’isole et doit cesser.
Si le fun est le maître mot de l’épisode, l’émotion est tout de même présente. Dans la colère de John, dans les excuses maladroites mais sincères de Sherlock, dans ses remerciements à Molly le temps d’une superbe scène entre ces deux personnages. Dans cet épisode et dans ce qui semble se dessiner dans le suivant, les enquêtes ne sont plus l’élément central de l’intrigue, ce sont les relations entre personnages qui prennent de plus en plus de place. Sherlock s’est constitué une véritable famille, il l’a accepté, il en est heureux.
Cette nouvelle direction peut surprendre, faire craindre que la série ne perde son identité. Mais un tel format (trois épisodes tous les deux ans) permet toutes les audaces, les revirements ou les caprices diront certains. Une seule petite chose messieurs les co-créateurs : freinez quelque peu les velléités visuelles des réalisateurs qui à force de vouloir innover, en font souvent trop (et ce sera la seule critique négative de cet article).
Crédits: BBC
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